Jacques Le Roux

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CinéMode à La Cinémathèque Française

Première réaction… Une exposition Jean-Paul Gaultier ! Encore ! Alors oui, mais pas que. C’est de costumes de films dont il s’agit ici et on sent à chaque pas, dans chaque choix, que la pop star de la création française des quatre dernières décennies, en cinéma comme en mode, sait de passion et de métier de quoi il parle. Le parcours tisse habilement des allers-retours entre l’imaginaire cinématographique de Gaultier - qui est le nôtre aussi pour qui appartient à sa génération - et quelques-unes de ses propres créations, influencées ou dynamisées par son amour pour les films, les vedettes et les stylistes des studios de Hollywood, de La Victorine et de Cinecittà.

Yvonne Blake, Costume de Christopher Reeves pour Superman (Richard Donner, 1978)

La première salle pose tout de suite le décor : en découvrant adolescent le grand film français sur la couture : Falbalas de Jacques Becker (sorti 1945 mais il l’a vu bien plus tard, ho !), Jean-Paul Gaultier s’émerveille et sait ce qu’il veut faire dans la vie. Il le fera. Un autographe que Micheline Presle - la vedette du film - lui dédie, simple et touchant, ouvre le défilé. L’exposition est d’ailleurs dédiée à l’actrice et à sa fille Tonie Marshall. Cela convainc d’emblée : l’intention est sincère, le coeur y est.

Je ne sais pas combien de costumes - et quelques vêtements - sont présentés en tout, un peu plus d’une centaine ? mais la succession de pièces du patrimoine cinématographique et de la création de Gaultier - qui sont en minorité et toujours légitimes dans leur inclusion sur le parcours -  fonctionne parfaitement : de fil en aiguille, les liens apparaissent entre entre l’un et l’autre.

Costume de la garde-robe personnelle de Marlene Dietrich, 1930s

Alors on se promène parmi toutes ces tenues de plateau, de Falbalas jusqu’à certains bons films et navets récents : l’essentiel est un éblouissement, pour les amateurs de stylisme sans doute et pour les cinéphiles assurément. Un des bustiers de Madonna, la robe de mariée vichy rose de Bardot, le costume original de Superman, un frac de Marlene, l’imposante robe de Garbo dans La reine Christine, des accessoires du Satyricon de Fellini, le Gaultier inspiré d’Orange mécanique et de Querelle, la tenue crème de Sharon Stone dans Basic Instinct… Des pièces iconiques, si le mot à encore un sens.

Jean-Paul Gaultier, Ensemble inspiré d’A Clockwork Orange (Stanley Kubrick, 1971)

Pour être honnête, je suis allé voir l’exposition pour un objet exposé bien précis, un costume qui appartient à la Film Costume Collection de Larry McQueen à Los Angeles et qui sort rarement de ses réserves : l’audacieuse et fragile robe dessinée par Orry-Kelly pour Marilyn Monroe quand elle chante I Wanna Be Loved By You dans Some Like It Hot/Certains l’aiment chaud. Si vous l’avez en tête, vous comprenez. Cette robe, je l’ai vue et ça m’aurait suffi. Mais en découvrant le reste de l’exposition, j’ai dû reconnaître que Jean-Paul Gaultier et la Cinémathèque avaient fait, vraiment, de la belle ouvrage.

Orry-Kelly, Costume de Marilyn Monroe pour Some Like It Hot (Billy Wilder, 1959)

CinéMode par Jean-Paul Gaultier 

La Cinémathèque Française

du 06 octobre 2021 au 16 janvier 2022

Le texte ci-dessus ne reflète que mon avis personnel